Savoir pleurer.
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Je pleure facilement. Je pleure quand les héros des livres que je lis meurent, ou quand ils tombent amoureux. Je pleure en regardant des films, quand ça termine mal, et quand ça termine bien aussi! Je pleure en regardant des séries, Grey's Anatomy et Les frères Scott sont les pires, mais Scandal me remue aussi beaucoup. Je pleure même en regardant les bandes-annonces de film au cinéma. Ou devant les pubs à la télé (quand Robbie Williams est en concert et se fait photographier par des milliers d'appareils, ou la nouvelle pub pour Orange je crois avec un papi et son petit-fils). En fait je suis une vraie victime des réalisateurs et responsables des bandes-sons, ils font vraiment un travail incroyable.
Je pleure en regardant mon fils grandir, la première fois qu'il s'est mis assis, la première fois qu'il a sourit, la première fois où il a dit maman... Je pleure devant toutes les émissions qui montrent des accouchements. Et à mon accouchement. Je pleure quand je lis un mot gentil à mon attention, ou quand je vois des gens réaliser leurs rêves.
Je ne pleure pas toutes les larmes de mon corps, non. Mais j'ai les yeux embués, la gorge qui se serre, un nœud dans l'estomac. Et si les larmes veulent sortir je les laisse couler. Même si WonderPapa est en train de me regarder, parce qu'il sait toujours exactement à quel moment je vais pleurer, même si je me sens idiote. Je les laisse couler. Je ne me refrène pas, je ne gardes pas en moi. Mais ça m'a pris du temps.
Bizarrement je ne me rappelle pas qu'on m'ait interdit de pleurer ou qu'on m'ait dit que c'était mal lorsque j'étais enfant. Je ne me souviens pas vraiment de situation traumatisante où je me sois ridiculisée à cause de ma grande émotivité. Pourtant j'ai toujours ressenti de la gêne lorsque je pleurais en public. Comme si c'était une honte, quelque chose qui devait se passer en tête-à-tête avec soi-même. Et souvent, même quand j'étais seule, je me sentais mal de pleurer si je n'avais pas une raison valable, sans vraiment déterminer quelles étaient les raisons valables en fait, peut-être le décés d'un proche, la découverte d'une maladie grave et à la limite une rupture amoureuse (dans le dernier cas, je m'autorisais à pleurer mais pas trop, parce qu'il y a toujours des gens bien plus à plaindre). Et plus je m'empêchais de laisser aller mes émotions, plus le risque était grand d'éclater en public et de ne pas pouvoir m'arrêter.
Et puis petit à petit j'ai compris qu'il ne servait à rien de m'empêcher de pleurer, de réprimer mes émotions, que j'étais comme ça. Que j'étais touché par les gens, les situations, les sentiments exprimés. Que je me sentais concernée, impliquée même quand je voyais les gens aimer, rire, pleurer, vivre ou mourir, qu'ils soient réels ou virtuels. Que les situations émouvantes faisaient toujours résonner en moi quelque chose de vécu ou de ressenti. Et que je n'avais pas à combattre ces émotions. Juste à les laisser s'exprimer pour mieux vivre.