Dépêche-toi!
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L'autre jour comme tous les matins avant de rentrer en classe, nous étions dans les toilettes de l'école avec WonderBébé, et autour de moi j'entendais les mamans qui disaient à leurs enfants : "Dépêche-toi! Allez, on se dépêche!" Je ne leur jette pas la pierre, je suis comme elles souvent. Trop souvent. Depuis j'essaye au maximum d'empêcher mes lèvres de sortir ces quelques mots et de prendre mon mal en patience lorsque WonderBébé traîne. Ce qui, ça aussi, arrive souvent. Dépêche toi mais ne grandis pas trop vite. Avance à tout vitesse mais profite de ta jeunesse. Paradoxal non? Alors, je m'interroge aussi sur ce que sont devenues mes convictions de suivre le rythme de l'enfant, le laisser avancer tranquillement, le laisser prendre son temps. Je me demande à quel moment ça a basculé, à quel moment j'ai commencé à le presser à tout bout de champs.
En même temps, je ne sais pas vraiment quelle est la solution pour adapter son rythme au nôtre, à celui des adultes en général. Bien sûr, il va devoir apprendre à suivre des horaires, mais je trouve que 3 ans c'est un peu jeune pour ça. Du coup, autant que je peux, je prends large pour pallier à d'éventuels retards, pour qu'il ait le temps de jouer avant d'aller à l'école par exemple. Je le préviens bien en avance lorsqu'on va sortir, j'y vais par étapes pour qu'il ne soit pas cassé dans ses histoires. J'essaye autant que je peux de ne pas faire à sa place, de le laisser se préparer seul si c'est ce qu'il veut. De le laisser mettre ses chaussures, choisir et enfiler son manteau, prendre l'écharpe et le bonnet qui lui plaisent. Ca prend du temps, mais il ne peut pas apprendre si je fais à sa place. Il a plus besoin que je lui fasses confiance en lui laissant son autonomie, que d'apprendre à se dépêcher.
Parfois, je trépigne intérieurement parce qu'il tarde à descendre de la voiture parce qu'il me raconte quelque chose et qu'il ne sait pas faire deux choses en même temps, j'ai envie, vraiment envie de lui dire de se dépêcher, d'aller plus vite. Mais pour quoi au juste? Parce que j'ai envie de faire autre chose après? Parce que je suis dans ce qui vient ensuite plutôt que dans l'instant présent. Dans cet instant là, celui où je suis congelé dehors, en train de tenir la porte ouverte de la voiture en attendant que mon fils de trois ans daigne descendre. Mais dans cet instant là il y a aussi un petit garçon qui me raconte ce qu'il espère faire à l'école aujourd'hui et qui il a hâte de retrouver. Alors, je ne dis rien, j'essaye de me laisser contaminer par son rythme propre. Et qui sait à force, peut-être va-t-il m'aider à apprendre à vivre dans l'instant présent...
