La mère que l'on est et celle que l'on voudrait être.
-
C'est fou comme devenir maman m'a permis de réfléchir à des concepts qui ne m'étaient pas familiers. La parentalité, l'éducation positive, mais aussi mon rôle de parent, de fille et de femme. J'ai découvert un monde inconnu où j'ai tout à apprendre, mais c'est tellement exaltant de réaliser l'ampleur des idées qui existent à ce sujet. Je me replonge régulièrement dans mon enfance, afin de comprendre quelle mère je suis et quelle mère je voudrais être.
Je viens de recevoir le numéro 3 du magasine Peps dont j'ai déjà parlé ici. Le thème développé est l'éducation non violente et il est vraiment riche en savoirs et conseils. Ce n'est jamais très facile de se retourner et de repenser à ce qu'on a vécu étant enfant. La manière dont on a été éduqué, les phrases ou les situations qui nous ont marquées et dont on se souvient toujours aujourd'hui. C'est d'autant plus difficile quand on a une bonne relation avec ses parents et qu'on ne veut pas les blesser en disant "je me souviens que tu avais dit, ou fait, ceci et je me rends compte que ça m'a blessé et que ça a toujours un impact aujourd'hui". C'est difficile mais nécessaire. Et salutaire aussi je pense.
La lecture de ce magasine m'a aidé à avoir plus de conversation avec ma mère sur mon enfance. Elle a fait de son mieux, et elle continue toujours aujourd'hui d'enrichir les relations qu'elle a avec moi et mon frère et ma soeur. Nous sommes toutes les deux conscientes des impacts que sa propre éducation ont eu sur la notre. Les peurs et les angoisses transmises à nos enfants, c'est régulièrement notre sujet de discussion. Mais aussi le négatif de son enfance qu'elle a transformé en positif avec nous.
Parce que devenir mère c'est aussi s'interroger sur notre propre mère. Sur ce rôle, ce statut auquel on accède. C'est devenir un peu "l'égale" de notre maman, tout en restant sa fille. C'est une partie délicate et je me rends compte en discutant autour de moi que c'est parfois un sujet sensible qui mène à s'éloigner de sa mère. Mais souvent ça rapproche. On est plus conciliante avec celle qui nous a éduquée. On comprend les écueils de la parentalité. On se souvient avoir dit plus jeune qu'on ferait mieux que ses parents et on s'aperçoit que ce n'est pas si facile, qu'il faut savoir composer avec toutes sortes de choses pour élever un enfant.
Mais il faut peut-être aussi parfois s'obstiner quand on est sûr de ce qu'on veut, quand on est sûr de son instinct. Il existe des solutions pour qui veut construire une relation saine et heureuse avec son enfant. Des solutions piochées dans notre propre enfance, et quand elles n'existent pas, des solutions à inventer. Les douleurs du passé peuvent être parfois de vraies forces pour avancer en tant que parent. On sait ce qu'on ne veut pas reproduire.
Ceci dit, il faut savoir que ce ne sera pas facile. Changer ses habitudes, écouter ses émotions, prendre le temps d'écouter son enfant et de le comprendre c'est difficile. Bien plus que de faire comme tout le monde, comme on a toujours fait et de demander à son petit de s'adapter. Mais pour moi, ça vaut la peine d'essayer.
Photo : Clémentine Bessy-Roland.