Comment sortir de chez moi m'a sauvé la vie.

Comment sortir de chez moi m'a sauvé la vie.

Lorsque WonderBébé a eut deux mois, il nous a fait profiter pendant deux semaines de sa belle voix, en pleurant toutes les larmes de son corps pendant une bonne partie de ces journées.

Les sages-femmes que je voyais pour la rééduc du périnée m'ont expliqué (une fois tout problème médical écarté) que c'était la période du pic des pleurs chez les bébés et que beaucoup de parents passaient par cet épisode.

Bien sûr, savoir que mon fils n'avait rien de grave et que je n'étais pas la seule à passer par là m'a rassuré. Mais ceci dit, ça ne m'aidait pas particulièrement à gérer les pleurs de WonderBébé, et surtout à gérer mon stress de ne pas pouvoir le calmer. Il faut dire que notre petit bout avait toujours été très calme, il pleurait comme tous les bébés mais sans plus, en tout cas rien d'insurmontable. Et là tout d'un coup, comme un grain de sable dans la machine, WonderBébé était inconsolable.

Le fait que WonderPapa ait repris son rythme de travail et soit absent une semaine sur deux n'arrangeait rien, pas plus que les biberons de nuit qui sont le lot de tous les parents de nourrisson.

Bref, ces deux semaines ont été vraiment pénibles et la fatigue ajoutée aux hormones en chute libre me donnaient l'impression de ne plus rien contrôler. Je ne cache pas qu'à certains moments je me suis demandée si on n'avait pas fait une connerie, si on était vraiment capables de gérer un enfant. Heureusement que WonderPapa - qui était bien plus lucide que moi à ce moment là - était présent pour me rassurer (même si parfois ce n'était que par téléphone!) sur ma capacité à prendre soin de notre fils.

C'est à ce moment que les sages-femmes qui me suivaient (de vrais anges gardiens pour les mamans!) m'ont parlé d'une association qui avait ouvert un lieu d'accueil pour les parents d'enfants en bas âge. Une fois par semaine on pouvait venir rencontrer des professionnelles de la petite enfance et d'autres parents pour échanger nos expériences et jouer avec nos enfants.

J'avoue que la première fois que j'ai passé la porte j'étais curieuse mais vraiment sur la réserve, je n'avais aucune idée de ce qui m'attendais mais j'étais épuisée et toute nouvelle idée pour faire cesser les pleurs était bonne à prendre. Finalement, je suis entrée, j'ai rencontré deux femmes exceptionnelles qui m'ont rassurée sans minimiser ce que je vivais, et qui m'ont écoutée sans me juger. Ce jour-là WonderBébé est resté éveillé et attentif pendant très longtemps sous le portique du tapis d'éveil. Et le soir, une fois rentré il a dormi pendant plusieurs heures, épuisé par ces nouvelles découvertes. Et moi j'ai pu me reposer et surtout reprendre le contrôle de mon estime de moi.

Ensuite je suis revenue tous les quinze jours puis toutes les semaines, non pas parce que le quotidien était toujours difficile (la "crise" est vite passée) mais parce que ma première expérience m'avait fait réaliser quelque chose d'important : savoir se poser, lever le pied même une demie-journée dans la semaine, même quelques heures seulement, c'est fondamental. La logique la plus basique m'avait échappé, WonderBébé pleurait beaucoup car je n'étais pas disponible pour lui. Depuis la sortie de la maternité, j'étais "obsédée" par la propreté de l'appartement, l'ordre et l'organisation, et je passais beaucoup de temps à ranger. Comme WonderBébé était tout petit et dormait la plupart du temps, j'avais le champs libre. Mais en grandissant il a demandé plus d'attention et je n'ai pas réussi à m'adapter. Ou plutôt je n'ai pas pensé à la nécessité de m'adapter. Lorsque j'ai compris combien c'était capital de prendre du temps pour son enfant, pour être VRAIMENT avec son bébé, pour jouer avec lui ou simplement être présente à ses côtés, ce jour-là je sais que j'ai fais un grand pas dans ma vie de mère. Aujourd'hui cette pause que je prends chaque semaine, c'est notre bouffée d'air à tous les deux. WonderBébé est ravi de jouer dans ce lieu qu'il connait bien maintenant avec des jeux différents de ceux de la maison, et surtout de rencontrer d'autres enfants qu'il peut étudier à loisir. Et pour moi c'est un moment salutaire pendant les semaines les plus difficiles et une perspective d'un moment agréable les semaines où tout va bien.

Je n'écris pas pour donner des recettes miracles, je pense que chacun doit faire son chemin et surmonter ses propres obstacles, mais au cours de mes visites dans ce lieu d'accueil j'ai pu rencontrer des mamans qui avaient elles-aussi rencontré des difficultés et qui reconnaissaient les bienfaits de ces après-midi où on rencontre de nouvelles têtes et surtout où on peut parler. Car je crois que la décision la plus difficile mais aussi la plus importante de toute lorsqu'on sent que l'on perd pied, c'est de parler à quelqu'un de ce qu'on vit. quelques fois, même quand on est bien entouré par notre famille et nos amis, c'est difficile de parler de nos problèmes qui semblent dérisoires. Parfois aussi on se sent coupables de ne pas réussir à gérer, on se dit qu'on devrait nager dans le bonheur, ou bien qu'on a voulu ce bébé donc on doit l'assumer! Mais être fatiguée ou dépassée ne veut pas dire qu'on assume pas, ou qu'on est une mauvaise mère.

Alors si vous êtes fatiguée, si vous vous sentez débordée, que vous n'avez pas le moral et que bébé ne vous aide pas franchement à positiver : faites une pause, sortez, poussez la porte d'un lieu d'accueil parents-enfants, respirez un bon coup et surtout gardez en tête que vous n'êtes pas seule et que parfois prendre un peu de temps, même cinq minutes, pour se poser, ca peut tout changer.

Photo : Clémentine Bessy-Roland.

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