La vie partout
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De la vie il y en a dans ma cuisine surchargée, sur les plans de travail qui ne sont jamais assez nombreux, dans mes dizaines de livres de cuisine maculés de tâches dont certaines pages sont collées d'avoir été tant utilisées.
Il y a de la vie dans mon coin bureau dont les étagères croulent sous les bobines de fils, les pelotes de laine à tricoter ou à crocheter, et les livres - encore ! - de couture et de créations. Dans mon coffre en bois pleins à craquer de tissus colorés, dans mes papiers éparpillés toujours prêts à recevoir une note griffonnée, un dessin des enfants, un rendez-vous à ne pas manquer.
Il y a de la vie dans le salon qui ressemble parfois à une halte garderie, puisqu'on a pris la décision de ne pas cantonner les enfants dans leurs chambres, dans la douzaine de coussins qui bien souvent sont des armes pour une bataille improvisée, dans les plaids tout doux si utiles pour se pelotonner, dans les boites d'activités manuelles qui s'accumulent sur les étagères, dans le bac dans l'entrée qui reçoit pèle-mêle les chaussures de chacun.
Il y a de la vie dans les toilettes, seul endroit où on peut être - à peu près - tranquille et où il y a toujours de la lecture à portée de main.
Il y a de la vie dans les chambres, pleines de jouets pour les enfants et même dans la notre comme si leur terrain de jeux n'était pas assez grand.
Il y a de la vie dans la salle de bain, des bijoux, des parfums, des couches, des médicaments (en hauteur évidemment). Dans ce lieu où l'ont passe si souvent chaque jour.
De la vie il y en a aussi dans le garage, là où s'entasse les vêtements trop petits, vestiges d'un temps où les petits étaient si petits. Il y en a dans la cour, où les plantes cohabitent avec les jouets de dehors/dedans. Il y en a dans la voiture qui accueille bien souvent des moments de notre vie et où nous oublions parfois un souvenir de ballade - fleurs fanées, bout de pain oublié, veste mise là au cas où...
Je rêve d'intérieurs bien rangés mais il y a tant de vie dans ces lieux que l'on investit chaque jour, tant de souvenirs, tant d'histoires inventées, de moments partagés que parfois je m'arrête et je comprends que s'il faut choisir entre une maison témoin et mon habitation brouillon, sans hésiter, c'est la vie que je choisirais.