La bienveillance est-elle un luxe?

La bienveillance est-elle un luxe?

Ces derniers temps j'ai été amenée à m'interroger sur la bienveillance. Je ne vais pas vous mentir, mon été n'a pas été le meilleur de ma vie, j'ai même pas mal souffert les premières semaines d'août lorsque WonderPapa était au travail et qu'après un mois de travail à plein temps, je me suis retrouvée toute seule avec mes deux loulous. Je les aime et je m'en faisais une joie, mais entre le temps moyen qui ne nous permettait pas de sortir tous les jours, les horaires de la petite pas vraiment compatibles avec ceux du grand, et le fait que WonderBébé décide justement à ce moment là de ne plus faire de sieste l'après-midi, les vacances tous les trois se sont vite avérées être un chemin de croix. A cela s'ajoute le manque de moyen pour partir quelques jours, et l'impression rapidement d'étouffer dans notre appartement trop petit pour nous tous. Bref, un élément en entraînant un autre, je me suis posée la question de la difficulté de rester bienveillante dans ce contexte.

Pour info, j'ai regardé la définition de bienveillance sur le Larousse (en ligne) et ça donne ça : Disposition d'esprit inclinant à la compréhension, à l'indulgence envers autrui.

Compréhension et indulgence... ça laisse rêveur. En théorie, l'éducation non-violente est un credo pour moi : respecter l'enfant, se mettre à sa place, le laisser vivre, comprendre plutôt que punir, expliquer plutôt que menacer... tout ça me parle et je suis convaincue du bien-fondé de ces principes.

En pratique, ça se complique. Parce que la fatigue, parce que l'impatience de l'adulte, parce ce que la vie tout autour qui exige des horaires, des contraintes et des imprévus dont les enfants se foutent (et ils ont bien raison!). Parce que parfois on voudrait juste être tranquille, ou que le réveil a été vraiment difficile et que le démarrage de la journée est impossible dans la bonne humeur. Alors comment dans ces moments là être dans l'indulgence et la compréhension?

Comment être bienveillant, quand à la fin de la journée, une fois que tout est rangé, le truc le plus marrant qu'il trouve à faire c'est de vider le contenu de ses boîtes? Quand il faut lui répéter 15 fois de venir mettre ses chaussures pour qu'on puisse aller au parc? Quand c'est la 3e fois qu'on le change parce qu'il a décidé qu'aujourd'hui même si son pot est à 20 cm de lui si on n'est pas là lorsqu'il baisse son pantalon il fera pipi dans sa culotte?

Bien sûr j'ai bien conscience que chacune de ces actions avait une raison. Le soir il est excité de fatigue et c'est difficile d'accepter qu'il est bientôt l'heure d'aller se coucher, pour les chaussures il faudrait ne le lui dire qu'au dernier moment quand il n'y a plus que ça à faire, et pour le pot et bien il a du mal en ce moment à partager mon attention avec sa soeur. Le problème c'est que j'en ai conscience surtout maintenant en l'écrivant et qu'il est difficile sur le coup de prendre suffisamment de recul pour rester bienveillant.

Remettre les choses à leur place, accepter (et se souvenir!) l'âge qu'ont nos enfants et les possibilités ou non qu'ils ont en fonction de ça, réussir à prendre du recul quand on sent que la colère monte, ne pas tout laisser passer mais ne pas rien laisser passer aussi par facilité ou énervement. Parfois tout ça est vraiment difficile, mais c'est ça aussi le boulot de parent il parait!

La bienveillance serait-elle alors le luxe de ceux qui ont le temps, ou alors la patience d'un yogi, ou qui n'auraient aucun problème pour les parasiter (ça ça n'existe pas hein?!)

Finalement, je me dis que la clé c'est peut-être en grande partie savoir être bienveillant avec soi-même, et ça c'est probablement la partie la plus difficile.

ps : WonderBébé s'est déjà levé 6 fois le temps que j'écrive cet article (1h environ), demain c'est sa première rentrée et visiblement le sommeil n'est pas au rendez-vous!

L
Je me retrouve pas mal dans ce que tu évoques ici! Je n'ai qu'un enfant, je lis beaucoup de choses sur l'éducation non violente et la bienveillance, dont je suis également convaincue des effets bienfaisants et que j'aimerais pouvoir mettre en pratique; et pourtant en pratique c'est plus compliqué aussi, un bébé qui dort mal, la fatigue, le manque d'espace, le rush permanent ont souvent raison de ma volonté de zenitude. Je crois que c'est un schéma à intégrer, des automatismes à prendre et que, quand on n'a pas baigné dedans enfant, c'est du boulot pour y arriver. C'est bien déjà d'avoir conscience d'avoir merdé, même si c'est après-coup, ça permet d'être plus vigilant la fois d'après, et c'est peut-être grâce à ces petits pas qu'on finit par y arriver! Oui il faut être bienveillant envers soi-même pour pouvoir l'être envers les autres! :)
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En effet, je pense que si l'on a baigné dedans en étant enfant c'est plus simple. Même si on ne nommait pas ça éducation non-violente à l'époque, moi et mes frère et soeur avons été éduqués avec ce genre de principe, et ça m'aide même si ça peut aussi parfois être une pression de vouloir faire aussi bien que sa mère! (qui n'a généralement que des bons souvenirs de nous petits, comme si elle n'avait jamais eu de problèmes!)<br /> Je pense aussi que c'est plus simple lorsque les enfants ont de l'espace pour vivre et que leurs espaces ne se télescopent pas avec ceux des parents (ici nous avons deux chambres que nous avons laissé aux enfants et nous avons fait un espace nuit dans le salon pour nous, ce qui n'est pas toujours évident)<br /> Un pas à la fois, le plus important c'est d'avancer et de faire de son mieux!
M
Bonjour, je suis ton blog depuis quelques temps et aujourd'hui je souhaite partager ma propre expérience. Je suis maman d'une petite fille qui ne dort pas beaucoup la nuit et qui n'est pas non plus une adepte des siestes !!! Nous sommes donc assez fatigués par ce rythme depuis sa naissance à savoir bientôt 10 mois. J'ai oublié de préciser que c'est une "tornade" et qu'elle n'arrête jamais. Il est vrai que nous ne sommes pas de jeunes parents et nous commençons donc à manquer d'énergie !!! Alors, nous aussi, nous nous posons des questions sur la bienveillance. Nous souhaitons vraiment ancrer la parentalité positive dans notre fonctionnement mais il y a des jours où (parce que nuits blanches à répétition) cela nous semble compliqué ! Alors, on réfléchit ensemble et on essaie de comprendre pourquoi le comportement de notre fille nous exaspère. Bien souvent, cela réactive en nous des choses pas vraiment réglées !!! Je pense donc que les parents doivent faire un travail sur eux-même. Bien sûr, d'autres paramètres sont à prendre en compte (professionnels, sociétaux...). En un mot, c'est plus facile à dire qu'à faire. C'est un travail de tous les jours et comme tu l'écrit il faut peut-être déjà commencer par être bienveillant avec soi-même.<br /> PS : elle est accrochée à moi pendant que je rédige ce post ;)
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C'est vrai que l'on se rend compte en prenant du recul que souvent ce qui nous fais perdre patience a un lien avec l'enfant que nous étions nous même et ce qui nous était autorisé ou non, et c'est même parfois douloureux de le comprendre et de voir ce que certains comportement chez nos enfants peuvent déclencher en nous! Isabelle Filliozat en parle très bien dans son livre "Au coeur des émotions de l'enfant", ça m'aide parfois quand je me sens à bout de réponse.<br /> Bon courage avec ta petite "tornade" ;)
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