Ces moments qu'on vole au temps

Le temps, il paraît qu'on courre tous après. J'envie les gens qui disent que non, qui sont très zens et font avec celui qui nous est imparti. Sans que cela m'angoisse, j'ai toujours eu une perception très accrue du temps qui passe et que malheureusement comme tout le monde, je mourrais sans doute en me disant que je n'ai pas eu assez de temps pour tout faire, tout voir, tout ressentir. Cette idée m'a parfois laissé songeuse, mais aussi parfois complétement bloquée, ayant une impression de vertige face à tout ce qu'il y aurait à connaitre dans le monde et en parallèle au peu de temps qu'on peut y consacrer. J'ai souvent rêvé de voyage, d'embrasser le monde, de l'absorber pour savoir... mais savoir quoi finalement?

Ce vertige, étrangement, c'est peu à peu estompé depuis que mes enfants sont nés. Je dis étrangement parce que depuis eux le temps n'a jamais passé aussi vite, et je pense que peu de parents me détromperaient. Les années semblent se dérouler en accéléré, et on est à peine en été que demain c'est déjà noël, ils sont à peine nés que déjà c'est l'entrée en maternelle, et ainsi de suite. Malgré ça, tout en éprouvant le temps qui passe, je ne ressens plus autant l'urgence parce que le savoir du monde c'est déjà eux! Les regarder grandir, s'escrimer à attraper un jouet pour WonderMinie ou à enfiler ses chaussettes pour WonderBébé, les écouter discuter, se raconter des grandes histoires, à l'âge où pour eux le temps n'a encore aucune réalité, c'est ça la vie, c'est peut-être tout ce qu'il y a à apprendre finalement.

J'ai du aussi ralentir, pour me mettre à leur hauteur, eux qui pourtant parfois m'épuisent à aller si vite, à bouffer la vie sans s'arrêter une seconde, à profiter encore et encore, et des fois j'ai envie de dire : et moi? Et moi je peux profiter? Mais je me tais parce que WonderBébé (et surement WonderMinie si elle savait parler de façon intelligible) me rirait au nez et me dirait : "ben oui maman pourquoi tu profites pas, il est où le souci? Regarde t'as qu'à faire comme nous" Et ils auraient raison.

Et puis ce mois-ci, j'apprends à être comme la majorité des gens, à jongler avec ces 24h par jour qui nous sont données pour : Se lever, se préparer, déjeuner (parce ce qu'il ne faut pas sauter un repas), lever les enfants, les préparer, les faire déjeuner (pas forcément dans cet ordre et parfois presque en même temps), rassembler toutes les affaires, sauter dans la voiture, les déposer chez la nounou (ou la crèche, ou l'école), aller au travail, y passer 7h (ou parfois plus), être aimable avec les collègues, souriant avec les clients (ou le patron, les usagers, les patients), drôle à l'occasion, rentrer du travail, aller chercher les enfants (qui sont contents ou non de nous voir), prendre le temps de jouer avec eux (leur faire faire leur devoir s'il le faut), les baigner ou les doucher, les faire manger, diner aussi, raconter une histoire, les coucher, s'occuper des lessives, de ranger les jouets éparpillés qu'on n'a pas eu le courage de leur faire ramasser parce qu'il était déjà tard, préparer un peu les affaires du lendemain (au moins savoir ce qu'on va mettre ou manger).

Et ça ce n'est que le nécessaire, le quotidien, l'indispensable. Mais qu'en est-il du reste? Rester en contact avec ses amis et sa famille, c'est-à-dire prendre le temps de passer un coup de téléphone, d'envoyer un sms ou un mail, juste pour dire je pense à vous? Cuisiner, pour ne pas avoir l'impression de manger tout les jours chez Picard ou Marie? Lire les journaux (quel que soit le support) pour être au courant de ce qui se passe dans le monde autour de soi (même si ce monde n'est qu'à quelques kms), lire un livre pour se divertir ou s'envoler? Coudre, tricoter, bloguer? Prendre soin de soi parce quand même les robes c'est mieux quand on est épilée, et que la fatigue ça laisse des traces sur le visage. Discuter avec son conjoint, parce que se coucher le soir en ayant échangé juste trois phrases dont deux de logistique, ça tue un couple. Faire du sport, parce qu'il ne faudrait pas se ramollir et qu'il parait que c'est bon pour la tête. Et créer, et rêver?

Là je coince. Parce que j'ai besoin de sommeil et qu'il est malheureusement compris dans les 24h. Et de sommeil, j'en ai besoin beaucoup! Mais que malgré tout, même si le quotidien est important, tous ces moments que je classe en deuxième position sont tellement tellement essentiel pour ne pas finir en apnée. Pour ne pas avoir l'impression de subir sa vie.

Alors je prends. Je prends tout. Toutes les petites minutes, précieuses, grappillées au hasard des heures pour ne pas en perdre une miette. J'optimise, je suis passée maitresse dans l'art de tout caser dans les vides, comme lorsqu'on essaye de remplir un coffre quand on part en vacances. Je fais comme les enfants, je bouffe de la vie. Je ne réfléchis plus à pourquoi ou à comment, aux regrets, aux "je n'ai pas eu le temps". Si je n'ai pas eu le temps : tant pis! C'est que il y avait quelque chose de plus important à vivre à ce moment là.

Et puis surtout, parfois.... je m'arrête. Et je regarde autour de moi. Je pose mon regard sur WonderBébé qui a encore sorti tous ses animaux en plastiques et qui les dispose sur le sol, sur WonderMinie qui gazouille en machonnant ses jouets, je prends une grande respiration et je me dis que le bonheur c'est surtout savoir prendre le temps de le savourer.

WonderMinie, elle, ne rêve que de s'envoler!

WonderMinie, elle, ne rêve que de s'envoler!

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