Cachez ce sein... Je suis une mère qui n'allaite pas

Cachez ce sein... Je suis une mère qui n'allaite pas

Avant la naissance WonderBébé, je me souviens avoir décidé de l'allaiter parce que ça me semblait être la chose la plus naturelle au monde lorsqu'on donne naissance à un enfant. Je m'étais dit que j'essayerais mais sans me tenir vraiment au courant, et en me disant surtout que je ne me prendrais pas la tête avec ça parce que pour un premier enfant il y a déjà assez de stress.

 

Finalement, WonderBébé est arrivé un mois avant terme et la mise en place de l'allaitement a été un vrai cauchemar. J'ai passé une semaine à la maternité, pendant laquelle absolument toutes les sages-femmes et puéricultrices que j'ai pu voir y sont allées de leurs conseils et commentaires. J'ai essayé plusieurs méthodes pour que WonderBébé tète correctement et sa non-prise de poids m'empêchait de sortir. Mais je n'ai pas osé dire stop. Premier enfant, hormones en chute libre, culpabilité de ne pas réussir à bien le nourrir... je n'avais qu'une envie c'était de passer au biberon et je ne l'ai pas fait.

 

Quand au bout de 8 jours, je suis enfin rentrée à la maison c'était avec un tire-lait et des bouts de sein en silicone. WonderBébé ne buvait pas bien directement au sein, il tétait quelques minutes puis s'endormait. Alors je tirais mon lait et lui donnait au biberon. Souvent j'avais un bib d'avance au frigo, mais pour activer la production de lait, je devais quand même le tirer la nuit après le biberon ce qui faisait que ça prenait au moins une heure! J'ai essayé plusieurs fois de lui donner le sein, mais j'étais KO, comme sonnée à chaque fois et le stress de ne pas savoir ce qu'il buvait réellement m'embêtait vraiment.

J'ai arrêté de l'allaiter au bout de 4 semaines, et il est passé au biberon de lait artificiel sans avoir l'air de faire la différence. Les repas sont devenus plus paisibles, plus rapides aussi, et surtout, on pouvait savoir la quantité qu'il buvait. Il n'a pas enchaîné maladie sur maladie depuis qu'il est passé au biberon et le ciel ne m'est pas non plus tombé sur la tête. Je suis passée au biberon et même si la tendance est à l'allaitement, c'était la bonne décision.

 

Mais j'ai fantasmé sur l'allaitement entre mes deux grossesses puis pendant que j'attendais WonderMinie. Je lisais des témoignages de mamans allaitantes et je me disais que moi aussi si je pouvais je ferais un allaitement long, comme si j'allais pouvoir rattraper avec elle ce que j'avais loupé avec WonderBébé. Je rêvais de maternage proximal et pour moi ça rimait forcément avec allaitement à la demande.

 

Et puis WonderMinie est arrivée et, comme je l'avais demandé, j'ai pu la mettre au sein tout de suite après sa naissance. La première tétée a été longue mais intense puisqu'elle me regardait droit dans les yeux, elle était vraiment très éveillée. J'avais quelques douleurs mais je me suis dit qu'il fallait que je revois les positions et que je m'habitue.

Mais au bout de quelques heures (et donc de plusieurs tétées), je me suis rendue compte que j'étais mal à l'aise. Mettre ma fille au sein me gênait, je ne me sentais pas à ma place... en fait je n'aimais pas ça du tout!! J'ai réfléchi pendant un bon moment. Je me sentais coupable d'avoir tout fait pour avoir l'accouchement le plus naturel possible (et de l'avoir eu!) et de passer au lait artificiel aussi rapidement. Je pense que je me sentais aussi coupable de ne pas aimer allaiter, comme si je n'étais pas une "vraie" mère. Je me suis aussi demandée si c'était une bonne raison pour arrêter. Et finalement, j'ai appelé une sage-femme pour demander un biberon.

 

Pas une seconde je n'ai regretté mon choix, en passant au biberon j'ai ressenti un énorme soulagement, comme si on m'enlevait un poids, celui de l'obligation d'allaiter pour être une bonne mère. Oui je suis une mère qui n'allaite pas, mais je préfère donner un biberon sereinement et avec le sourire, plutôt que le sein en pleurant ou en priant pour que ça se termine rapidement.

 

Je reste cependant admirative de ces mères qui allaitent, longuement ou non, celles qui réussissent à créer ce lien de contact avec leur enfant. Mais je pense aussi à toutes celles qui comme moi avec WonderBébé, se sont senties sans aucun choix face aux professionnel(le)s de  santé, à qui on a dit et redit que c'était meilleur pour leur bébé d'allaiter, à toutes celles qu'on a fait culpabiliser de vouloir passer au biberon. La qualité du lait maternel en terme de bienfait pour la santé est incontestablement supérieure à celle du lait maternisé, mais qu'en est-il de la qualité de la relation avec son enfant lorsqu'on déteste le moment où on va le nourrir et qu'on appréhende l'instant où on va le mettre au sein?

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